Merry Nightmare #1

Yumeji est un lycéen qui possède un don particulier: il parvient à deviner quelle va être la tonalité des rêves de ceux qu’il regarde d’une certaine manière. Pendant ses vacances, il est perturbé car il lui arrive toujours de faire le même cauchemar dans lequel il est traqué par une escouade de chats bizarres. Un jour, il est propulsé dans un monde intermédiaire en pleine journée et un sinistre individu nommé le traqueur lui déclare vouloir son corps. S’échapper aurait été ardu sans la présence d’une jeune fille qui joue les super-héros. Pour la remercier, comme celle-ci tente en vain de rejoindre le monde des rêves, Yumeji lui arrange un hébergement.
La situation se met rapidement en place mais les liens entre le monde réel et les mondes oniriques ne sont pas vraiment détaillés. Le concept paraît confus au premier abord. Yoshitaka Ushiki introduit des moments humoristiques dans son récit d’aventures mais ils sont trop peu nombreux pour en faire un argument phare. Le dessin est un peu grossier, tourné essentiellement vers les personnages. Les décors sont étonnamment peu présents alors que ces mondes imaginaires auraient pu être l’occasion de creuser des designs originaux. Même les adversaires ne sont pas marquants pour le moment.
Merry Nightmare #1
Editions Taifu Comics, Collection Taifu Shadow
scénario, dessin: Yoshitaka Ushiki, Dakujin, Kakenobu Fuji
2010
Kane Alkins

Contes d’outre-mort

C’est un recueil de contes bretons, la plupart faisant intervenir le christianisme, que Emile Souvestre livre ici, registre qui fera plus pour sa notoriété que sa production romanesque pourtant conséquente. Le vocabulaire est marqué par la région, des localités sont à l’honneur et des notes viennent expliciter certains rapprochements étymologiques. Les récits vont de la simple anecdote fantastique à la légende déjà bien plus importante pour ce patrimoine.
Is ouvre le bal, ville perdue par les frasques de la belle Dahut, fille du roi Grallon. Cette cité finit engloutie une fois que le diable vint la rejoindre dans une de ses soirées. Le Barbe-bleu breton permet à une belle promise de subir une décapitation sans plus d’inconvénient: avoir un saint dans ses relations, ça peut aider. C’est ça ou bien Jean le rouge-gorge fera bien l’affaire: il vous guide vers la cachette d’un animal extraordinaire qui subira plusieurs métamorphoses à l’invocation de Saint Ronan d’Hybernie. Les mécréants se méfieront des lavandières de nuit. Il ne faut pas négliger le danger à fréquenter d’autres femmes, comme une Groac’h qui transforme ses prétendants en poissons. Avoir des créatures extraordinaires dans son entourage n’est pas sans avantage cependant: un petit farfadet peut rendre bien des services! Mais si c’est le diable qui fait des bontés, c’est qu’il a une idée derrière la tête. Jésus-Christ ne s’en est pas assez méfié quand il donna l’autorisation au malin de revêtir la soutane pour un jour. Les korrigans qui dansent la nuit peuvent effacer bosse de malformé ou effectuer le contraire, suivant ce que l’on rajoute à leur refrain Il faut dire que vers minuit il se passe des choses étranges, dans une auberge hantée, aussi bien que dans une cité engloutie qui peut à la Pentecôte laisser entrevoir un passage jusqu’au palais d’un ancien roi. A moins que ce ne soit l’heure où les diables viennent jouer aux cartes et alors là malheur si vous n’avez pas déjà croisé Jésus avant avec son jeu truqué! Quelques revenants enfin viendront pour clôturer le volume, riche dans sa diversité.
De quoi pénétrer dans des récits locaux même si parfois influencés ou inspirés de sources plus littéraires, comme le reconnaît la préface.
Contes d’outre-mort
Editions Pyrémonde
texte: Emile Souvestre, Charles Chassé
2005
Kane Alkins

Shadow Banking #1: Le Pouvoir de l’ombre

La crise financière a pris une tournure bien dramatique. Mais si l’on revient un peu en arrière, en suivant l’arrivée de Mathieu Dorval à la BCE où il rejoint son mentor Victor De La Salle, vice-président, nous découvrons que les deux hommes analysent des chiffres leur étant parvenus fortuitement et soulignant la fragilité de la Grèce. Au sein de l’établissement, Mathieu retrouve une amie d’école préparatoire, fait grincer les dents d’un collègue particulièrement agaçant jalousant sa relation avec un grand ponte, et rencontre Aurélie qu’il ne tarde pas à installer chez lui. Les choses virent au cauchemar au début d’un WE que le couple devait passer chez Victor puisqu’ils découvrent celui-ci pendu, apparence de suicide que rien ne laissait présager. Peu après, Mathieu est arrêté pour un délit d’initié qu’il n’a pas commis malgré les mouvements apparaissant sur ses comptes! Il décide alors de s’enfuir et cette machination le convainc du meurtre de son ami. Aidé de Skull, un informaticien de haut vol, il va mener une enquête forcément dangereuse.
Quelques éléments de finance forment le cadre tandis que des dissimulations financières fournissent les sources et motivations d’un thriller qui démarre de belle manière, mené par Corbeyran et Frédéric Bagarry. Le personnage principal apparaît volontaire et semble avoir de la ressource mais il va avoir à faire face à des adversaires déterminés. Eric Chabbert assure une mise en page efficace, variée, avec un penchant assumé pour des vues extérieures soignées d’architectures. Ceci dit, les autres aspects graphiques ne sont pas négligés, physionomies et phases dynamiques comprises. La série promet donc et suscite l’envie de la suivre, même si les dernières pages sonnent bizarrement, avec le personnage de Skull refusant d’avoir des détails sur le guêpier dans lequel s’est fourré son ami mais s’investissant à fond dans la compréhension d’un phénomène financier pour lequel il n’a aucune attirance ni connaissances a priori.
Shadow Banking #1: Le Pouvoir de l’ombre
Editions Glénat, Collection Grafica
scénario: Frédéric Bagarry, Corbeyran
dessin: Eric Chabbert
couleur: Luca Malisan
texte: Elise Lucet
Septembre 2014
Kane Alkins

Le Viandier de Polpette #1: L’Ail des ours

Polpette est un ancien cuistot militaire qui ne s’est pas vraiment fait au progrès et qui, fuyant les villes et ne trouvant pas sa place dans les villages, a fini se caser dans une auberge bien particulière. Celle-ci appartient à un comte relégué dans cette petite propriété lors de son enfance par son père soucieux de mettre en sécurité son rejeton devant les menaces militaires. Ce domaine délabré, il l’a transformé avec l’aide de Biryani son précepteur. Aussi lorsqu’il apprend la toute prochaine visite de son père et de ses cousins après tant d’années, c’est une certaine nervosité qui étreint ce petit noble s’étant bâti son petit domaine paisible et quelque peu isolé des troubles extérieurs.
La petite vie tranquille des quelques personnes vivant sur le domaine est bien amenée et l’on sent que ceux-ci ont des relations agréables les uns avec les autres. Le rythme du récit se traîne un peu, reflétant le calme dominant. Chose surprenante, les auteurs nous assènent quelques recettes de cuisine ou de préparation de cocktails en pleine narration, la trouant d’intermèdes au lieu de les reléguer en notes finales. Les choses s’accélèrent par la suite lorsque les vrais bouleversements arrivent, heureusement. Le graphisme est orienté jeunesse, avec un dessin stylisé, simple et agréable. D’une manière générale, les personnages nous sont rendus sympathiques et c’est bien grâce à cela que la lecture se poursuit malgré le peu d’allant du récit.
Le Viandier de Polpette #1: L’Ail des ours
Editions Gallimard
de Olivier Milhaud, Julien Neel
édition: Julien Neel, Jean-Luc Deglin
Mai 2011
Kane Alkins

Le Manifeste du parti communiste

Dans une usine fin dix-neuvième siècle, le travail n’est pas vraiment joyeux et quelques amis discutent de leur insatisfaction. Ce sont Bill, soucieux de justice, Bert, limite théoricien, Frank, costaud ayant laissé sa famille à la campagne, Simon, violent et emporté. Le sort réservé à un vieux qui peinait à la tâche provoque une rébellion vite réprimée. Les cadences augmentent pour les ouvriers restés tandis que d’autres se terrent, fuyant la police. C’est alors que Normann, bras droit du propriétaire de l’usine, avoue à Bill et Bert qu’il a sciemment mis la pression sur les ouvriers pour susciter les troubles. Il les invite à s’organiser et quelques mois plus tard, les voici tous ayant établi Utopie, ville reposant moins sur l’exploitation des hommes, avec le support financier de Bruno, instigateur qui les pousse à l’étape suivante, celle de la propagation armée de la lutte contre les bourgeois. Les choses se corsent alors rapidement.


Les mésaventures de ces personnages sont le prétexte permettant, lors de dialogues ou de longs pavés récitatifs, d’inclure des citations directes du Manifeste du parti communiste. Surviennent également Marx et Engels en personnes sous forme d’entités oniriques commentant leurs positions ou éclaircissant une situation. Si une partie de l’œuvre originelle est exposée, certains aspects sont forcément laissés de côté. Pourtant ont été conservées des références de mouvements ou de partis permettant d’inscrire l’œuvre dans son époque. Le choix de cette insurrection de nos amis pour illustrer le propos est discutable si l’on considère ses détours et son sort malheureux qui entraînent nécessairement un moment de flottement par rapport à la conclusion souhaitée, l’encouragement à l’union des prolétaires de tous les pays. Par ailleurs quelques éléments anecdotiques détonnent tel le contre-sens de bourgeois revendiquant pyramides et croisades, ou la présence du marteau et de la faucille aussi bien qu’un drapeau US complet, anachroniques ici. Concernant le graphisme, il faut noter un design sympathique des principaux personnages, très différenciés. Ils occupent l’essentiel de l’œuvre, les décors étant réduits au minimum. Le trait est épais, schématique, parfois malhabile, mais se révèle dynamique.
Le Manifeste du parti communiste
Editions Soleil Manga, Collection Classiques
scénario, dessin: Variety Art Works
d'après l'oeuvre de: Karl Marx, Friedrich Engels
Mars 2012
Kane Alkins

La petite Fêlée aux allumettes

Dans la fantasmagorique cité de Pandore, des crimes affreux sont commis sur des enfants, la mise en scène macabre évoquant à chaque fois un conte de fées. Nake, une jeune femme un peu paumée qui vient de tuer un homme en légitime défense, trouve une boîte d’allumettes chez sa grand-mère décédée et se met à avoir des visions des meurtres avec chaque allumette. Cooper, inspecteur bourru et au fond solitaire, mène l’enquête avec l’aide de son extravagant équipier Michou, dont l’attitude le rebute. Et encore, il ne connaît pas l’activité de nuit de travesti de ce dernier. Ils reçoivent l’aide inattendue et haute en couleur de mémé Cornemuse, criminelle sans scrupule, suceuse aguerrie, nettement vulgaire, qui prend toujours ses aises, cause avec l’image de Jean-Claude Van Damme, et surtout trouve toujours un moyen de parvenir à ses fins, au grand dam de Cooper qui n’arrive pas à s’en débarrasser.


Il est clair que c’est dans la galerie de personnages que réside l’intérêt principal de l’ouvrage. Les péripéties les mettant en scènes sont souvent amusantes, surtout lorsque la petite vieille un peu folle impose sa présence. Les événements autour de Nake sont plus sérieux, puisqu’elle est isolée et de plus recherchée par le père de l’homme qu’elle a tué. Sans compter qu’elle a un locataire bien mystérieux. L’enquête proprement dite, quant à elle, n’est pas vraiment si prenante. Le cadre est curieux, avec quelques éléments à peine évoqués relevant du fantastique. Le style de Nadine Monfils est clair, le rythme bien tenu et les tonalités varient. Quelques incursions dans le glauque sont vite contrebalancées par l’humour.
La petite Fêlée aux allumettes
Editions Belfond
texte: Nadine Monfils
Février 2012
Kane Alkins

Mademoiselle se marie #1

Dans la famille traditionnaliste et richissime de Towako, il est de coutume de se marier avec quelqu’un désigné par la même heure de naissance. Tous les ans, la jeune fille a reçu une photo de son fiancé. Mais à l’âge de dix-huit ans, alors qu’a lieu la rencontre si attendue, Yûga ne se montre pas aussi coopératif que dans ses rêves. Celui-ci, n’étant pas aussi détaché du monde, n’envisage pas de se marier avec une inconnue. Ils restent ensemble un moment, et finalement les deux s’attachent tout de même. Les choses s’accélèrent devant le risque d’être séparés pour toujours et ils se marient rapidement, malgré quelques incidents.


On peut dire que Megumi Hazuki n’hésite pas à faire passer ses personnages à la vitesse supérieure. Reste qu’ils n’en sont encore qu’au début de leur relation, comme le montrent leurs attitudes. Le rythme est rapide, entraînant et l’humour est présent, ne serait-ce que par le comique de situation provoqué par ces circonstances exceptionnelles. Le dessin est parfois schématique notamment en ce qui concerne les décors. Le soin s’attache aux personnages, qui connaissent tout de même des variations amusantes plus simplifiées.
Mademoiselle se marie #1
Editions Kazé Manga, Collection Shôjo
scénario, dessin: Megumi Hazuki
illustration: Nagamu Nanaji
Octobre 2011
Kane Alkins

Peace Maker #1

Hope Emerson est un tireur hors pair qui ne veut néanmoins pas se mêler aux différents duels ayant lieu dans chaque bourgade. Les circonstances vont toutefois l’amener à y participer pour sauver une jeune fille qu’un malfrat recherchait. Une fois ce dernier vainqueur d’un duel, il le provoque à son tour et remporte le titre. Seulement la fille ne souhaite pas le quitter et il se retrouve également avec un autre profiteur à ses basques. Le malfrat faisait partie d’une bande célèbre et Hope devient dès lors la cible de leur recherche, en plus de la fille qui n’est autre qu’un membre de leur famille. S’ensuivent un passage à la banque pour affronter des hors la loi, puis un détour dans un village démoli et enfin un tour dans la ville dont est originaire son compagnon, joueur de talent.


L’Ouest est aseptisé dans cette bande dessinée et même si le héros apparaît mal rasé à certains moments, tout le monde apparaît relativement soigné. Les deux personnages de Hope et de son compagnon joueur sont attachants, ce qui n’est pas vraiment le cas de la fillette qui les accompagne. Ryouji Minagawa profite des affrontements pour mettre en scène différentes techniques de tir, reste à voir si celles-ci sont assez nombreuses pour soutenir l’intérêt. Le dessin reste très propre, fin, ce qui ne semble pas l’idéal pour représenter le caractère brut du western. On perd également en dynamisme. Ceci dit, le cadrage se permet des originalités bienvenues.
Peace Maker #1
Editions Glénat Manga, Collection Seinen
scénario, dessin: Ryouji Minagawa
éditeurs: Ryo Ito, Tatsuya Muto
Septembre 2011
Kane Alkins

The Arms Peddler #1

Dans un monde redoutablement cruel, Sona Yuki a vu la caravane de sa famille exterminée par des bandits de grand chemin qui l’ont de plus marqué au fer rouge, comme si ce souvenir n’allait pas déjà le hanter. Il est recueilli par Garami, une marchande d’armes qui le protège des corbeaux spectraux et se sert de lui par la suite comme son esclave tant qu’il n’a pas remboursé sa dette. Le jeune garçon découvre ainsi la vie de fournisseur d’engins de morts. Il s’agira dans un premier temps de fournir les moyens de détruire un monstre volant et provoquant la pluie, que des villageois considèrent comme un dieu. Il faudra par ailleurs faire pénétrer dans une ville hyper protégée une cargaison d’armes. Garami se révèle très habile et redoutable combattante.


Dans cette série, Kyoichi Nanatsuki mêle à un univers post-apocalyptique des créatures surnaturelles et de la nécromancie. Le mélange fonctionne plutôt bien et son héroïne est charismatique à souhait. On ne peut en dire autant de Sona qui joue le rôle du gamin geignard et apeuré découvrant le monde dans lequel il vit. Espérons qu’il se ressaisisse. Le graphisme de Night Owl convient tout à fait aux ambiances de western. Les monstres sont également convaincants. La mise en page est claire et le plaisir de la découverte est au rendez-vous.
The Arms Peddler #1
Editions Ki-oon
scénario: Kyoichi Nanatsuki
dessin: Night Owl
texte: Kyoichi Nanatsuki
Février 2012
Kane Alkins

The Breaker #1

Shinwoo est un élève victime de racket. Un professeur remplaçant nouvellement arrivé le voit mais n’intervient pas, lui donnant comme conseil de lutter lui-même. Plus tard, en ville, notre malheureux élève aperçoit et filme son professeur faire preuve de capacités en combat hors du commun. Mais la pression à l’école s’accentue au point qu’il décide du sauter du toit du lycée. Il se fait rattraper in extremis par son professeur qui saute avec lui, amortissant leur chute par la voiture du sous-directeur. Shinwoo supplie son sauveur de lui apprendre comment se battre, afin qu’il puisse éviter le racket au final, surtout que maintenant on lui demande d’amener son amie.


La série est humoristique et par certains aspects rappelle furieusement GTO (professeur remplaçant super fort en combat, attitude désinvolte de celui-ci, élève se jetant du haut de l’immeuble sauvé in extremis aux dépens de la voiture…). Ceci dit, le professeur n’exerce qu’à titre de couverture ici puisqu’il semble lié à des histoires de gang, un assassin venant l’affronter. Il semble aussi avoir plus de bagout avec les femmes. Geuk-Jin Jeon aménage un ton plaisant dans cette série tandis que Jin-Hwan Park fournit un dessin dynamique, servant le rythme soutenu de lecture. Le trait est fonctionnel, aussi à l’aise pour les expressions parfois outrées que pour les décors.
The Breaker #1
Editions Booken Manga
scénario: Geuk-Jin Jeon
dessin: Jin-Hwan Park
Février 2011
Kane Alkins