La Honte

Dans un pays très fortement inspiré du Pakistan, courant vingtième siècle, naît Omar Khayyam Shakil. Sans père, il est élevé par trois sœurs qui lui cacheront laquelle d’entre elle est sa véritable mère. De plus, tous sont cloitrés à la maison jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge d’aller à l’école, âge auquel ses mères l’ont déjà immunisé contre le sentiment de honte. Il va grossir extrêmement, devenir un éminent médecin, tout en s’adonnant à une vie dissolue en compagnie de Iskander Harappa. Lequel le laissera pour se reforger une vertu et se jeter avec sérieux dans la politique pour finir par atteindre le pouvoir. Au grand plaisir de sa fille, Arjumand, qui le vénère quasiment. Rani, la femme d’Iskander est apparentée à Raza Hyder, militaire de carrière qui progressera grâce à Iskander et finira par faire exécuter son bienfaiteur. Omar Khayyam se rapproche de Raza Hyder après être tombé amoureux de l’une de ses filles, sa patiente, une simplette souffrant de crises d’effroyable violence. Ceci sans se soucier du fait que le militaire est à l’origine de la mort de son petit frère, qu’il n’a pas connu.


L’ouvrage a une construction plutôt curieuse puisque le personnage censé être le principal du roman n’en est finalement que figurant assez rapidement, et encore disparait-il parfois pour de longues périodes. Au point que sa réapparition surprend presque. La progression d’Iskander et de Raza occupe une plus grande place. Les deux hommes d’état, l’un présenté comme sérieux et se vouant à son pays, l’autre plus violent, radical et fortement influencé par la religion, sont également l’occasion de réflexions sur le pouvoir et la destinée d’un pays, la place de la religion. Salman Rushdie utilise volontiers l’ironie et fait passer quelques critiques mais ce n’est pas forcément un livre très virulent. L’étude des personnages est soignée et dans le lot il est difficile d’en trouver un vraiment sympathique. La lecture est aisée mais la fin, entre le rôle étrange de la femme d’Omar et la déchéance de Raza change la tonalité du récit et apparaît moins prenante.
La Honte
Editions Stock, Collection Nouveau Cabinet Cosmopolite
texte: Salman Rushdie
Juillet 1989
Kane Alkins

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